La croissance verte est une illusion

Alain Grandjean, co-fondateur de Carbone 4 et membre du Haut conseil pour le climat

En bref

  • Carbone 4 affirme que réduire les impacts sur l’environnement passe par un changement des modèles économiques – notamment le PIB.
  • Le pilotage de nos économies doit donc se faire avec des indicateurs physiques et sociaux plus pertinents qui nous permettent de nous assurer que nous respectons les « limites planétaires ».
  • Ceci nécessite donc le découplage, qui est la dissociation entre la prospérité économique et la consommation de ressources et d’énergie.
  • Ce découplage n’est que partiel si la baisse de la consommation des énergies fossiles se traduit par d’autres pressions environnementales ou s’il se limite à une baisse de l’intensité carbone du PIB.
  • Le solaire, l’éolien, le nucléaire ou la biomasse se heurtent à de nombreuses limitations techniques, financières, et même parfois démocratiques. Ces énergies bas carbones ne sont ni gratuites, ni illimitées, ni faciles à déployer.

La croissance verte est, d’un point de vue sémantique, un concept tout aussi trompeur que la décroissance. Alors que le terme décroissance agit comme un repoussoir, activant des imaginaires de privations et de dépression, la croissance verte s’apparente à une pensée magique, qui donne l’illusion de pouvoir continuer à produire et consommer plus grâce au progrès technique. Sauf qu’il n’y a absolument aucune raison d’espérer que la finance ou le marché, dont le seul objectif est la recherche maximisée des profits, sauvent la planète.

Les économistes d’inspirations néolibérales qui travaillent sur les liens entre croissance, nature, et environnement, affirment qu’en monétisant les externalités négatives, et en augmentant le prix du carbone, on va résoudre le problème du réchauffement climatique, et plus globalement l’ensemble des dommages environnementaux causés par les activités humaines. Mais là encore, c’est une chimère, car le prix est incapable de révéler la profondeur de champ des questions environnementales, et notamment la préservation de la biodiversité.

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