- Aujourd’hui, le chauffage et la climatisation représentent près de la moitié de l’énergie consommée par l’UE, dont 90 % sont de l’énergie fossile.
- Le chauffage urbain est un système de chauffage collectif, propriété des autorités publiques locales, considéré comme de l’énergie propre.
- Ces systèmes publics de chauffage urbain ne représentent que 9 % de la demande mondiale, mais ont le potentiel d’en couvrir plus.
- Ils sont donc un levier majeur de production de chaleur durable à grande échelle.
- Ces systèmes méconnus et invisibilisés dans les sphères publiques et politiques restent largement sous-exploités.
Paru sur Polytechnique Insights - 26/03/2023 - Auteurs : Johanna Ayrault, chercheuse postdoctorale à l'école MINES Paristech
Dans le secteur de l’énergie, le chauffage est et restera une part importante de la consommation d’énergie (environ la moitié de la demande d’énergie dans les bâtiments). Le chauffage urbain, qui permet d’intégrer à grande échelle des énergies propres pour répondre à la demande de chauffage, est un formidable vecteur de la transition énergétique. Cependant, son potentiel reste très sous-exploité puisque 90 % de la chaleur fournie par les réseaux est encore d’origine fossile (75 % en Europe, le continent le plus avancé en matière d’intégration des énergies renouvelables dans les systèmes de chauffage urbain), et que seulement 9 % de la demande mondiale de chauffage (industriel et bâtiments) est assurée par le chauffage urbain.
#1 Le chauffage urbain existe déjà dans de nombreux endroits
Le chauffage urbain est un système collectif de distribution de chaleur. En France, il englobe généralement aussi les centrales de production. Dans les centrales de chaleur, un fluide – vapeur ou eau – est chauffé par la chaleur d’incinération, les chaudières à biomasse ou la géothermie. Ce fluide chaud est ensuite transporté par des tuyaux isolés jusqu’à des sous-stations, qui relient le système de chauffage urbain aux systèmes secondaires. Le système secondaire correspond au système de distribution à l’intérieur des bâtiments – par exemple, les tuyaux qui traversent les bâtiments depuis la sous-station jusqu’aux radiateurs. Ce système secondaire est distinct du chauffage urbain et n’est pas régi par le même contrat. Le type de bâtiments alimentés par le chauffage urbain peut varier d’un pays à l’autre.
Dans la plupart des cas, le chauffage urbain est développé dans des zones où il y a déjà des bâtiments qui consomment beaucoup de chaleur, comme les hôpitaux, les centres commerciaux, les immeubles de bureaux ou les logements sociaux. Les logements privés, comme les logements collectifs ou individuels, peuvent également être raccordés au système, mais ce n’est pas le cas dans tous les pays. En France, les plus anciens systèmes de chauffage urbain datent d’avant les années 1950 dans certaines grandes villes comme Paris, Strasbourg ou Grenoble1. Par exemple, Paris a eu son chauffage urbain en 1927. Il est toujours en service et fonctionne à la vapeur. Entre les années 1950 et 1970, des systèmes de chauffage urbain ont été mis en place dans de nombreuses villes, mais principalement dans les nouveaux quartiers ou autour des usines d’incinération afin d’utiliser la chaleur. Dans les années 1980, la crise pétrolière a conduit au développement du chauffage urbain basé sur la géothermie, comme en région parisienne. Toutefois, ces systèmes sont rapidement devenus économiquement non viables en raison de la concurrence du gaz.