Le constat du fort impact environnemental des datacenters est déjà ancien, quoique longtemps mesuré à l’aune trompeuse de leur seule consommation électrique. Le vulgus pecus confond d’ailleurs le plus souvent électricité et énergie, ce qui biaise ensuite toute tentative sérieuse d’analyse macroscopique. (Nous sommes hélas tous des vulgus pecus – des individus lambda – car personne ne maîtrise à lui seul l’ensemble des connaissances scientifiques qui sont à l’origine des multiples technologies déployées dans ces infrastructures très complexes.)
Plus récemment sont apparues les préoccupations quant à l’usage de l’eau potable dans des régions déjà soumises à un stress hydrique important. Et, désormais, ce sont chacune des étapes du cycle de vie du datacenter, et des matériels et équipements qui en participent, qui doivent être analysés pour une mesure de leurs impacts environnementaux respectifs.
Les questions qui foisonnent alors sont pléthore : choix de l’énergie primaire, impact sur les réseaux énergétiques, procédés de fabrication des équipements, usage de terres rares, recyclabilité, gestion des déchets, emploi de la chaleur fatale, technologies de refroidissement, autoproduction et stockage d’énergie, écoconception matérielle et logicielle, insertion dans les territoires…
C’est en réfléchissant sur ces sujets, et en actant la nécessité d’y travailler en commun, qu’un groupe informel de professionnels de la filière s’est agrégé au fil des quelques derniers mois.
Dans l’univers du vivant, les bactéries coopèrent et échangent de l’information, et elles font en plus évoluer ces deux capacités dans le temps. Dans la filière métier encore émergente que nous partageons, cette « filière Datacenter » par trop cloisonnée en silos, par trop soumise à l’influence de quelques donneurs d’ordres – et rarement ils auront été aussi bien nommés – il est devenu indispensable de faire de même. Coopérer, échanger, évoluer.
Ce billet n’a pas d’autre ambition que de faire le constat de cette bonne volonté commune, qui est programmatique : coopérer et échanger, pour évoluer.
Le think tank « Datacenter en Transition » est né de ce besoin d’une intelligence et d’une action collectives, pour réfléchir autant au prototypage local qu’à la capacité à passer à l’échelle, pour pouvoir faire ensemble des choses que nous ne pourrions pas faire seuls, pour adresser ces défis et y répondre en intégrant leur dimension plurielle et multi-facteurs.
Les acteurs au sein du think tank partagent une volonté : apprendre à coopérer à partir des questions d’aujourd’hui, pour faire nos contributions au monde de demain. Sans nécessairement faire table rase des apports du passé, mais en s’ouvrant aux apports extérieurs d’où qu’ils puissent venir, pour recombiner nos savoirs et apporter des réponses à nos questions, et des solutions concrètes à nos problèmes. Nous démontrerons le mouvement en avançant : tous les grands voyages ont commencé par un premier pas.
Nous faisons donc ce premier pas publiquement, par la publication indépendante de ce billet initial, comme nous le ferons de nos réflexions et chantiers en cours, dont nous publierons régulièrement les étapes et moments dans ces colonnes.
Dans notre prochain billet, nous donnerons en particulier les grands axes de travail que nous avons identifiés, et qui sont d’ores et déjà nos chantiers collectifs.
Mais restons-en pour aujourd’hui aux prolégomènes, et prenons acte de la naissance de ce collectif de recherche et de travail.
Une réflexion sur « Think Tank ‘Datacenter en Transition’ : acte 1, les prolégomènes »
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